Proch, vu par Morgane Gonzalez

Proch est un documentaire qui se base sur ce qu’il se passe après la mort. Il est incroyablement émouvant par son approche silencieuse tant au niveau des personnes filmées que de l’ambiance sonore sans pourtant perdre de son sens. Le point de vue qu’adopte le réalisateur m’a par ailleurs troublée, en effet il se situe souvent dans la même pièce que la personne décédée quand elle est présente ce qui crée une atmosphère pesante. C’est le cas par exemple dans la scène où le point de vue se situe à l’arrière du corbillard juste au dessus du cercueil. Nous ne connaissons rien de la morte, ni sa vie ni son nom, mais au fil du documentaire s’instaure une certaine proximité avec ce corps. On y voit la brutalité avec laquelle le corps est manipulé, les membres soulevés qui sont lâchés sur la table provoquant un bruit qui fait de la gravité le bourreau de ce corps. En parallèle, on perçoit  la douceur de la préparation vestimentaire et esthétique du défunt. Les changement de plans contiennent également une brutalité soudaine comparable à la mort elle-même. Prenons cette fois l’exemple de la scène où les biens de cet être décédé sont mis aux enchères, la commissaire priseur brisant le silence en annonçant les prix de ce qui fut les seuls souvenirs de cette personne et celui de la scène qui suit avec des individus détruisant à main nue les invendus restants comme pour effacer les dernières traces de la vie de cette personne. L’endroit d’où nous regardons quitte ensuite le corps : au moment où il est enterré, nous regardons la scène avec une certaine distance comme pour pouvoir lui dire au revoir. Je trouve que ce documentaire est une approche très respectueuse de la mort d’une personne et pourtant d’une proximité certaine, les sentiments que nous fait éprouver cette oeuvre se rapprochent de ceux de la vie, de sa douceur et de sa brutalité, de ce corps avec lequel nous ne sommes pas à l’aise d’abord et qu’on finit par accepte , et de son effacement soudain qui fait que tout ce qu’était une personne n’est plus. Il prend comme point de départ notre regard et comme direction celle de ce corps sans vie.

Morgane Gonzalez.

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