Silvana vu par Yanaba Warchol.

« Artiste à la forte personnalité adorée par des milliers, mais qui cache sa part d’ombre et de doutes ». Avec ce « pitch », on pourrait s’attendre au portrait d’un chanteur pop américain qui dévoile ses secrets pour un coup marketing, mais il s’agit ici du témoignage de la vie de Silvana Imam, rappeuse gay arabo-lituanienne qui fait, à la surprise de tous, un véritable raz-de-marée en Suède, son pays de résidence.

On nous présente une femme force de la nature, qui déchaîne dans ses textes son combat contre le racisme et l’homophobie qui grandissent en Suède. Elle rappe contre l’intolérance avec une passion qui émeut les foules. Mais le documentaire, réalisé par trois femmes proches de Silvana, au lieu de n’être qu’un montage rythmé sans âme alternant entre interviews et concerts, comme le font beaucoup de documentaires sur des musiciens, vient plutôt se rapprocher d’elle et une vraie impression d’intimité se dégage.

Elle nous révèle ses pensées, aussi bien quand on la voit toute amoureuse qui tente de draguer celle qui sera sa future compagne, Beatrice Eli, ou quand elle se confie à des moments très vulnérables qui sont abordés avec beaucoup de pudeur. Vers la fin du film, on a l’occasion de voir le fardeau que peut être l’étiquette de “femme forte”, quand elle est fatiguée de combattre, de devoir ne montrer qu’un courage sans relâche.

Documentaire touchant, produit par des femmes, qui raconte l’histoire de femmes en donnant un message inspirant et très humain.

On pourrait dire de ce documentaire qu’il ne laisse pas la place à des avis d’hommes, ou même de personnes hétéro, pour parler de l’effet que leur font les chansons de Silvana. On a beaucoup d’avis de jeunes femmes LGBT, mais peu de présence masculine. Mais justement, là est toute la justesse du documentaire. Le combat de Silvana a été d’imposer sa voix dans une société qui voudrait la faire taire. On entend des voix féminines qui meurent de se faire entendre et qui ont enfin leur place, dans un film qui les honorent et les subliment.

Yanaba Warchol.

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