Maternité secrète vu par…

On entre dans le film comme si on entrait dans le château : un travelling dans l’allée bordée de grands arbres, accompagné d’une voix off. Un fille-mère raconte son histoire : elle tombe enceinte à 19 ans dans l’après-guerre. Elle est célibataire et à l’époque ces femmes sont rejetées par la société, elle se voit donc obligée d’intégrer le château de Bénouville, en Normandie, qu’elle ne définit pas comme une maternité mais comme une prison. Voici ce que raconte le documentaire de Sophie Brédier : des générations de femmes qui accouchent en secret.
C’est un documentaire très touchant et surprenant sur une histoire qui est encore tabou et pleines de secrets. Sophie Brédier prend le temps, elle prend le temps de donner la parole à toutes ces femmes qui ont souffert et elle nous donne le temps de les écouter. Il y a parfois des silences qui sont très émouvants et qui témoignent de l’impact qu’il y a eu des années encore après, sur les enfants et les petits-enfants. Elle laisse le spectateur vagabonder dans les différentes pièces du château, en compagnie des femmes, comme des fantômes qui refont surface. Ce voyage dans le passé est accompagné d’un instrument, la harpe, et de comptines d’enfants qui résonnent comme une invocation des souvenirs de cette immense demeure.

Suzy Chatellier.

690 Vopnafjörður vu par…

Un voyage documentaire direction Vopnafjörður, petit village au Nord-Est de l’Islande, dans lequel résident 529 âmes le plus loin possible de la capitale Reykjavík. L’Océan Atlantique comme seul horizon, dont la vie économique de cette communauté dépend. Ici, c’est la pêche, ou l’exode rural.
La réalisatrice Karna Sigurdardottir, en dressant le portrait de ce village qui n’est pas le sien, s’est attachée à retranscrire le blues des bourgades qui se vident de leurs jeunes, trop désespérés de ne pas pouvoir faire changer les choses dans leur vieux hameau. Mais quand on vient de Vopnafjörður, difficile de ne pas revenir y faire sa vie malgré tout.
Impossible de rester de marbre quand tout ce petit monde forme une si grande et belle famille. Et si ces longs silences dont on a l’habitude dans les fjords disent plus que tout un dictionnaire, c’est en musique que la beauté sonore d’un véritable petit paradis sur Terre se révèle.
Denis Belly.

Stronger than a bullet vu par…

Ce documentaire retrace l’histoire du photographe de guerre Saeid Sadegi, pendant la guerre Irak-Iran ( 1980-1988). Les photos qui témoignent de son histoire et celui de son peuple ont été, et sont encore aujourd’hui, un outil de propagande pour le gouvernement iranien. En effet, elles revendiquent une appartenance très poussée à la religion iranienne et des milliers de soldats sont prêts à se sacrifier en tant que martyrs, certains très jeunes. Le photographe est tourmenté par ses cauchemars et il ressent une grande culpabilité du fait que ses photos ont servi à envoyer tant de soldats à la mort. Il décide donc de retrouver certains survivants qu’il  a pris en photo à l’époque et de recueillir leurs témoignages, et sa voix en off nous guide tout au long du périple à travers l’Iran, comme une sorte de rédemption. Le documentaire alterne entre ses photos d’archives et les témoignages, on ressent toute la culpabilité et la douleur que doit ressentir Saeid, qui est devenu malgré lui un outil de propagande au service de la mort.

Zacharie Nyoli.