Kurara : The dazzling life of Hokusai’s daughter vu par…

Mercredi après-midi était diffusé « Kurara : The dazzling life of Hokusai’s daughter », film retraçant la vie peu commune de la fille du célèbre peintre japonais Hokusai (dont une des œuvres majeures est « La Grande Vague de Kanagawa », peinte en 1831), qui a elle aussi consacré sa vie à sa passion pour la peinture. Je suis entrée parmi les derniers spectateurs, la salle était comble. Sans doute que le cinéma asiatique attise les curiosités, et ce toutes générations confondues.
En allant voir ce film sur la peinture, il est certain que l’on s’attend à être surpris par l’image. Ici les plans sont travaillés sans être exceptionnels mais permettent un accompagnement des corps et des postures acrobatiques, d’un point de vue occidental du moins, des peintres à la tâche. Une peinture des corps, ceux des courtisanes par exemple, par le corps.
J’étais donc à la recherche d’une scène graphiquement et plastiquement intéressante et c’est vers la moitié du film que je l’ai trouvée. Il s’agit du moment de la danse des geishas dans une grande salle au rouge vif, dont la puissance s’intensifie grâce à l’accompagnement des instruments de musique traditionnels japonais, joués par les geishas. La couleur, dont la question est centrale dans le film, est au rendez-vous. L’espace d’un instant, la toile cinématographique se transforme en tableau. Au même instant, Oei, fille d’Hokusai, comprend une nouvelle facette de la peinture qui, au-delà d’être un travail de la couleur, est un travail de la lumière. Puis le film reprend son cours, et au-delà de quelques passages à la limite du mielleux, on peut y admirer la précision des décors, la qualité des costumes, et la délicatesse des visages nippons qui ne finissent pas de séduire le public.
« Kurara » m’a donc plu, et je le recommande à toute personne qui s’intéresse à cette culture dont les mœurs nous sont encore éloignées et qui souhaitent rencontrer un personnage atypique, celui d’une femme indépendante et affirmée pour son époque, car cela fait du bien !
Alice Le Treut.

A land without borders vu par…

C’est un documentaire sur le conflit israélo-palestinien que je suis allée voir après ma déception devant l’épisode de la série Fauda sur le même sujet projeté la veille lors de la cérémonie d’ouverture. L’envie d’avoir un point de vue différent et réel, peut-être plus sensible puisque non fictionnel m’a menée jusqu’à A Land Without Borders. Ce film où le réalisateur, fils d’un ministre israélien, sillonne cette région de tension, qui ne cesse de se déchirer, et où le conflit semble sans issue. Des scènes de discussions avec des femmes et des hommes israéliens ou palestiniens, juifs ou musulmans, parfois même athées,  permettent de comprendre, grâce à un débat que Nir Baram entretient lui-même, les raisons de cette “guerre” qui perdure depuis des décennies. Plus encore, il tente de comprendre les attentes de chaque personne qu’il rencontre quant à l’évolution de la situation. Alors parfois avec maladresse, et aussi avec la difficulté de réussir à comprendre et à entendre les individus qui s’opposent à lui, le réalisateur se questionne, et essaie d’aller au-delà des frontières politiques et religieuses. Il tente de faire entendre que ce que tous veulent, au final, c’est une forme de paix. Cependant, la solution semble impossible à trouver. La forme du film, presque fatalement, peine à trouver une structure. Les interviews se succèdent de manière assez aléatoire, sans réelle structure ni transitions créant au final une sorte de discours compliqué et par ailleurs plutôt difficile à recevoir. Et la parole et son contenu sont les éléments  centraux de ce documentaire. Ainsi le film est intéressant par son discours et moins par sa forme. Un discours à l’image du conflit israélo-palestinien, complexe, et où le besoin de s’exprimer et de débattre sur la situation est invraisemblablement vital.

Noélie Mériau.

Mr et Mme Piccioli vu par…

Cette oeuvre de 13 minutes montre le quotidien d’un couple, Julie et Laurent, tous deux trisomiques et amoureux depuis 25 ans. Leurs habitudes, leur quotidien, leur entraide dans les tâches les plus banales sont exposées durant ce court film, révélant une extrême tendresse entre eux. La simplicité et l’authenticité de leurs rapports plongent le spectateur dans leur histoire et dans leur vie de personnes trisomiques. Les suivre et les voir évoluer est attendrissant, du fait de leurs maladresses. Ce chef-d’oeuvre qui expose deux êtres sujets à une condition qu’il est encore tabou de montrer de nos jours se laisse regarder avec attention et avec compassion, tout en révélant la condition du handicap, ici deux personnes handicapées mais autonomes, possédant leur propre habitation, vivant heureux et unis malgré le handicap. Une forte émotion est dégagée durant toute l’oeuvre, pouvant pousser jusqu’aux larmes sur la fin, lorsque Laurent explique le moment particulier de sa vie durant lequel il a rencontré Julie, sa femme. Ce film est à aller voir absolument si on recherche une expérience sociale touchante, ainsi qu’une leçon de vie. Après visionnage, les choses apparemment banales de la vie changent totalement d’aspect.

Maialen Laurent.

Aperti al publicco vu par…

J’ai choisi de parler d’Aperti al publiccodocumentaire traitant de la bureaucratie d’un office HLM. Ce film met en avant toute la complexité des procédures bureaucratiques, épreuves difficiles, touchant des gens aux parcours de vie compliquée. Le montage enchaîne les différents problèmes des locataires, sans interruption, ce qui donne une impression d’abondance. Abondance de cas complexes que doivent régler les employés de l’office HLM. Position difficile pour ces personnes qui doivent être à l’écoute, pour résoudre les problèmes rencontrés par les locataires, tout en ne devant pas enfreindre les procédures.
Je trouve intéressant que quelqu’un s’intéresse au travail de ces gens tout en montrant la détresse des habitants de ces quartiers défavorisés. Ce documentaire n’a pas besoin de voix off ou d’intervenants pour expliquer la situation. Seul le dialogue entre les résidents et les employés suffit pour comprendre les difficultés que rencontrent les deux parties.

Ewen Marque Sans.

Over the limit vu par…

Ce documentaire évoque la préparation d’une gymnaste russe (Rita Mamum) aux Jeux Olympiques de Rio 2016.
Dans cette création, nous pouvons découvrir la psychologie d’une sportive de haut niveau et la dureté des centres d’entraînement en Russie.
Rita Mamum dévoile sa force physique mais surtout mentale : on découvre une personne attachante, battante, calme et douce qui démontre peu ses émotions malgré les pressions de sa responsable et de sa coach. Ceci en parallèle avec le système d’entraînement russe qui repousse les limites de l’être humain jusqu’à la blessure et l’usure psychologique.
En ce qui concerne le son et la voix, il y a peu de musique dans ce documentaire (hormis les séances d’entraînement et les concours). La responsable de la gymnastique russe et la coach de Rita sont caractérisées par leur agressivité dans les mots et le ton utilisé, elle sont aussi très froides l’une comme l’autre. Rita quant à elle s’exprime peu mais utilise les mots justes, elle est réservée et ne s’énerve pas ou garde sa colère pour elle.
En ce qui concerne les images, nous pouvons voir que la réalisatrice joue beaucoup des flous et des champs contrechamps. Les images sont jolies, très stables, gracieuses et douces comme si la caméra s’imprégnait des mouvements de la gymnastique.
A titre personnel, je suis déçu de ne pas avoir vu plus d’images des Jeux Olympiques qu’elle remporte et du retour en Russie ainsi que de l’après-carrière de Rita.
Je recommande fortement ce documentaire à toutes les personnes passionnées de sport ainsi qu’à tous ceux qui aiment le côté psychologique de l’être humain qui est très touchant.

Luka Moratello.

Les airs sauvages vu par…

Au départ seulement la voix humaine, sauvage et sensible, qui court à travers les montagnes. Elle monte puis redescend, elle donne le rythme et l’émotion. Marque la pause et les silences, césures à l’hémistiche. Elle vit du basque et de son histoire. Elle se chante en déambulant. Mais l’heure se perd pour ces chants et ces chanteurs souletins. Ce sont des chants de berger qui se crient dans la montagne et qui se revendiquent d’une tradition qui se perd, merci la mondialisation. Comment alors faire perdurer la tradition sans la pervertir ? C’est la question que se pose le jeune musicien Oihan Oliarj-Ines pour son projet de fin d’études au Conservatoire. Et c’est sa soeur qui filme son long questionnement et ses rencontres avec les chanteurs qui perpétuent ces chants ancestraux. Il faut les convaincre de participer à un disque, de démocratiser cette musique, de la renouveler.
Des chants basques instrumentalisés, harmonisés à la guitare, déconstruits à l’ordinateur. Le projet est risqué mais la matière est formidable. Oihan Oliarj-Ines est un très bon arrangeur et trouve du rythme dans la tonicité des mots. Il ajoute une guitare électrique, une batterie, du piano, un violoncelle, une flûte. Des sonorités brutes qui s’appliquent parfaitement à ces chants, qui les accompagnent sans les noyer, qui les laissent respirer et créent des atmosphères en rapport avec les textes.
Elsa Oliarj-Ines choisit elle d’illustrer son film comme un road-trip. Une idée intéressante : après tout, ces chants n’étaient que pour les bergers lorsqu’ils marchaient. Le film est donc rempli de plans pris de l’intérieur de véhicules, de routes et de montagnes et cela crée une alchimie magnifique jusqu’au moment où tout s’embras(s)e et que la musique devient une transe aux airs rocks, des « airs sauvages ».

Mathis Veillard.