« Je n’aime pas voir ces images »

Comment réagir face aux images d’une réalité crue ? Les accepter et s’indigner, ou les refuser ?

Pour le vice PDG de la Coca Cola Company, face aux plans tournés en Tanzanie montrant les conditions de travail des habitants locaux dans les industries de recyclage, sa réponse est simple : « Je n’aime pas voir ces images. Personne n’aime voir ces images ».

Cette seule phrase permet de mettre en lumière un sujet de plus en plus discuté au sein de la communauté de la psychologie sociale : la dissonance cognitive. Cette théorie a été développée pour la première fois par Leon Festinger en 1957. Elle désigne la tension intérieure qu’éprouve une personne lorsqu’elle se retrouve à agir en désaccord avec ses croyances, ou lorsqu’elle est confrontée à un comportement qui entre en conflit avec ces dernières.

Ici, très clairement, le vice-PDG ne sait pas comment se placer par rapport aux images qui lui sont proposées : il ne peut pas les nier, mais en même temps, il ne peut pas s’en indigner parce qu’il sait que les conditions de travail précaires des Tanzaniens ont été imposées par sa firme.

Cette dissonance cognitive se retrouve dans de nombreuses problématiques contemporaines : la question de la condition animale, des migrants… Dans tous les cas, les images apparaissent comme les vecteurs de cette nouvelle confrontation interne. Elles sont l’origine de ce conflit personnel auquel tout le monde est confronté. Elles sont les témoins d’une époque marquée par l’inactivité et le refus de prendre parti dans quelque conflit (environnemental ou social) que ce soit.

Christelle Caillet.