Fuck fame, vu par Tristan Meunier

Fuck Fame, un documentaire sur la figure de l’électropop Uffie

Uffie m’intéressait car elle a fait partie de la vague musicale qu’on a appelé la French Touch 2.0, Les musiques électroniques de la deuxième moitié des années 2000 [Génération MySpace] marquées par les sorties sur les labels Institubes et Ed Banger dont Uffie a fait partie avec ses collaborateurs récurrents : Justice, SebastiAn et Oizo.

Le documentaire suit Uffie pendant cinq années dans beaucoup de situations vécues par une artiste pop (dix ans de carrière, un seul album et beaucoup de clubs, et des problèmes avec son label).

Le film parle des problèmes personnels notamment avec un accent porté sur sa santé mentale après qu’elle est devenue une star d’envergure internationale.

Enfant de la culture club et internet, Uffie est un personnage public qui va mal, et Fuck Fame parle beaucoup de son mal-être constant et la peint un peu comme irresponsable de sa santé mentale, la montre “sur le déclin”. C’est en particulier sensible en après concert où  elle a un mal-être à combler quand elle n’a pas l’adrénaline, traduit dans le film par beaucoup de moments où elle renifle de la cocaïne.

C’est un film où l’équipe de tournage essaye de souligner le caractère dysfonctionnel chez Uffie et ce qu’avoir été une popstar d’envergure mondiale peut entraîner.

Le film, bien que maladroit dans sa forme, tient un propos assez intéressant : pas de voix off, uniquement des entretiens avec Uffie qui vont structurer le récit; c’est vraiment singulier, c’est un objet produit sur le vif et monté de manière réfléchie.

Uffie est-elle la popstar volatile qui va trop mal pour se concentrer sur son travail musical en studio, veut-elle s’éloigner de l’industrie musicale ? C’est ce que le film laisse entendre assez clairement sur sa fin où elle s’installe dans une maison avec sa fille, où elle serait sortie de ses malaises : « j’ai tout arrêté ».

Je regrette que ses rapports avec la musique ne soient pas davantage approfondis et personnellement j’espère juste que le film ne lui fera pas de mal médiatiquement, car elle y est traitée comme une cocaïnomane dépressive et sa musique comme une musique de circonstances : nous voulons faire la fête, écoutons de la club musique.

Où commence la fête ? Qu’implique-elle pour les gens qui la font vivre ?

Tristan Meunier.

Il était une chronique…

Il était une fois le FIPADOC 1er du nom, le moment où toutes les générations sont réunies autour des mêmes objets, cette année les documentaires. En passant par des manières standard de diffuser le « doc », grande salle de cinéma avec un projecteur ou par des moyens innovants à travers des diffusions avec des casques VR. Ces derniers documentaires durent en moyenne 15 minutes et sont accessibles au Bellevue. Ce qui donne de très bonnes sensations et constitue une nouvelle approche de la diffusion.

Alexis Wagner.

Réaliser Riturnella

A l’occasion du Fipadoc 2019, des films dit étudiants sont présentés, sous la qualification de Jeune création. Cette catégorie qui présente des films moyen-métrages d’une durée variant de 20 à 30 minutes en moyenne possède sa propre compétition pour décider de la meilleure création. 

Le film qui m’a le plus touché dans cette catégorie est Riturnella du réalisateur Nils Martin. Sa création entre dans le cadre de ses études, grâce à l’université de Bordeaux-Montaigne qui a produit son film.

Il s’agit d’un documentaire sur le métier de berger aujourd’hui. On suit alors deux montagnards dans leur garde d’un troupeau, dans les Alpes, à plus de 3000m d’altitude. On apprend à comprendre les différentes tâches du métier, les compétences nécessaires, et le mode de vie à adopter pour réussir. Nous partageons ce savoir et ces connaissances  par le biais des témoignages de nos deux bergers.

Le réalisateur, Nils Martin, a tourné et monté son film seul. Dans le cadre de ses études, aucun budget n’était alloué à la réalisation de son film. Il est donc monté en haute montagne pour suivre ce troupeau seul avec sa caméra. Mises à part les contraintes techniques, par exemple l’obligation de retourner en vallée pour dérusher et recharger les batteries, cette manière de réaliser crée un effet particulier. On a l’impression que le cameraman est aussi acteur. On ressent sa présence dans les dialogues avec les bergers. Sa voix est même perceptible sur certains plans, notamment lorsqu’il suit les personnages et que l’on entend son souffle.

Il devient le confident des bergers, et grâce à sa caméra, il est aussi le relais entre ces témoignages et les spectateurs. Il endosse un rôle important, celui de transmettre un message. Ce rôle est d’autant plus accentué par l’absence de questions posées par le réalisteur. Seul le commentaire des hommes de la montagne est important. Il est alors plus simple de s’identifier à un témoin qui ne parle pas mais écoute.

Cet aspect qui montre la présence d’un témoin sans jamais le voir facilite la transmission du message des bergers vers les spectateurs.

Dans Riturnella, on soupçonne la présence d’un troisième personnage dans le corps du cameraman. Il est le témoin qui écoute des récits et les transmet sans questions et sans les déformer.

Léo Gonin.

Il est difficile d’imaginer vivre sans liberté

Il est difficile d’imaginer vivre sans liberté, à la merci d’hommes sans pitié. Dans le documentaire « Otages », nous comprenons le cauchemar qu’ont vécu ces hommes et femmes venus de partout : Italie, Colombie, France, États-Unis, Autriche… Ces personnes ont vécu l’enfer et décident de témoigner de leur « expérience » dans ce documentaire poignant.

Le documentaire est construit en plusieurs parties qui suivent l’évolution de la prise d’otage des victimes. Leurs témoignages nous permettent de percevoir le traumatisme qu’ont causé ces séquestrations. Les traumatismes sont d’ailleurs toujours présents chez les victimes, qui ont passé de long mois ou années reclus dans un trou, en prison, dans la forêt ou dans le désert. Ce qui m’a frappé, c’est le calme avec lequel les protagonistes évoquent leurs geôliers, c’est-à-dire sans haine, remords ou peur. Le syndrome de Stockholm est d’ailleurs évoqué, qui signifie que les victimes sont prises d’empathie pour leurs geôliers. C’est un concept difficile à comprendre si l’on n’a pas vécu ce qu’ont vécu les personnages du documentaire, qui d’ailleurs ne se cachent pas d’être victimes de ce syndrome.

Le premier sentiment que nous avons en sortant de la salle, c’est de la compassion pour les victimes car la vie après un tel tourment est difficile et demande beaucoup de soutien que les protagonistes n’obtiennent que peu.

Léo Reversat.

Cette année j’ai découvert…

Cette année j’ai découvert le festival du FIPADOC à Biarritz. C’était pour moi le premier évènement lié au cinéma auquel j’aie assisté. De plus j’ai pu participer à ce festival en tant que spectateur mais aussi en tant qu’acteur en interviewant des personnes importantes de ce rassemblement.

En effet un des points importants qui m’a surpris, dans le bon sens, est la proximité qu’il y a entre les professionnels et les étudiants.

Les professionnels étant sur les lieux ont été très ouverts, accueillants et ont permis aux jeunes qui souhaitent découvrir ces métiers de se renseigner dans les meilleures conditions.

Les échanges avec des réalisateurs connus, dans ce monde audiovisuel dans lequel nous sommes plongés, étaient une réelle aubaine.

Personnellement j’ai même pu effectuer l’interview de la présidente de ce festival ce qui pour mon groupe et moi était, tout de même, une chance énorme. Nous étions honorés de la présence d’une personne si importante pour de simples étudiants en audiovisuel.

Cette complicité m’a émerveillé et m’a montré une très belle face de cet évènement.

Nicolas Deshayes.

Avis sur «  Les Promesses en plastique de Coca-Cola »

Ce « documentaire » du thème Impact a été une déception même si le titre aguicheur aurait dû me mettre la puce à l’oreille. Avec un montage approximatif, des transitions vues et revues, des cuts donnant l’impression que le vidéoprojecteur s’est brusquement arrêté, une mise en scène studio ridicule, le ton général et les interviews d’Elise Lucet, on a juste l’impression de voir un reportage du genre « Cash Investigation », ce que c’est, en partie et qui questionne sa légitimité en tant que documentaire participant au festival et concours du Fipadoc. De plus, l’argumentation est faible, l’acharnement sur Coca-Cola en le tenant à 100 % responsable de la pollution par le plastique, due en grande partie aux mauvaises habitudes des consommateurs, est bancal et il y a des répétitions pesantes (des séquences qu’on revoit jusqu’à trois fois) qui permettent seulement d’allonger le «documentaire » afin qu’il atteigne le temps requis à la télévision de 52 minutes.

Je recommande plutôt « Quelle folie », un documentaire très bien monté, très intéressant et au propos puissant et bien retranscrit malgré des longueurs à la fin.

Virgil Michaux.

Grande avant-première : L’Odyssée du loup

C’est ce mercredi 23 janvier à 20h que France Télévisions a proposé au public du FIPADOC son nouveau documentaire, réalisé par Vincent Steiger. Ce documentaire est tiré de l’histoire vraie d’un jeune loup chassé de sa meute, obligé de s’enfuir et de survivre seul face à la nature, mais aussi face au monde humain. Il a parcouru finalement plus de 3000 kilomètres, de la Roumanie jusqu’à l’Espagne.

Un film qui a suscité l’intérêt du public, mais quel est son avis après la projection ?

La plupart des personnes auxquelles j’ai demandé leur avis sont finalement plutôt déçues. En effet, c’est surtout la narration qui a dérangé le public. Le rythme du film semblait irrégulier : le récit n’évoluait pas de la même manière durant tout le film, puisqu’il se passait soit quelques semaines entre deux séquences, soit quelques mois. Le récit semble désorganisé, « décousu » pour certains, et répétitif pour d’autres. L’écriture de la narration n’a finalement pas convaincu une partie de l’audience.

Dernier élément qui a perturbé une partie du public : la voix off. En effet, c’est l’acteur français Kad Merad qui raconte l’histoire. L’audience a pensé que choisir Kad Merad comme narrateur n’était pas la meilleure solution, sa voix n’étant pas adaptée au récit. Peut-être est-ce le « personnage » de Kad Merad, associé généralement au monde humoristique, qui amène cet avis chez les spectateurs…

Pour rester sur une note positive, les images montrées dans ce film sont très appréciées du public, avec des environnements dépaysants, des plans intéressants de la nature et des animaux qui l’habitent. Le travail sur le son a également été bien mené  avec une bonne retranscription de l’ambiance sonore.

Loïc Maigrot.

On nous appelait Beurettes, de Bouchera Azzouz

Bouchera Azzouz, issue de la première génération post-coloniale du Maghreb, rend compte des difficultés de vie qu’elle a eu à traverser, qui sont les mêmes pour la grande majorité des maghrébines, des « beurettes », d’où le titre de son documentaire « On nous appelait Beurettes ». Il est tout d’abord appréciable que dans le contexte de son documentaire, elle n’ait pas intégré de témoignages d’hommes, car à mon humble avis les femmes n’ont que trop peu d’espace d’expression.  J’ai été particulièrement touché par l’émotion que transfèrent ces témoignages, qui dévoilent les relations très tendues que peuvent avoir filles et garçons dans ce pays, ce qui est une véritable expérience traumatique. Selon moi les mariages forcés à l’approche des 15 ans sont une atrocité, et le fait de priver les filles de liberté et de les affilier à un homme dans le seul but d’obtenir des papiers n’a aucun sens. Elles ont dû se battre pour faire évoluer leur sort, ainsi la réalisatrice était secrétaire générale du mouvement « ni pute ni soumise ». Le film insiste sur les combats à mener contre la discrimination religieuse et le racisme, et se place dans une optique optimiste pour faire évoluer la république. Un documentaire très marquant qui m’a conduit à une vraie prise de conscience. 

Vadim Rozneritsa.

Kibera, vu par Rémi Teulier

A travers le point de vue de Donwilson Odhiambo, le réalisateur tchèque Martin Páv part à la découverte du bidonville Kibera dans le sud Nairobi. Dans ce bidonville, la pauvreté est omniprésente. Les gens qui ne sont pas nés là sont venus car ils souhaitaient se rapprocher de la richesse de Nairobi mais ont été obligés de vivre dans le bidonville. La pauvreté et les conditions de vie précaires poussent donc certaines personnes à voler ou se droguer, et leurs enfants se retrouvent sans parents pour les élever. Benta est donc devenue la “mère de beaucoup d’enfants”, explique Donwilson. Cette femme est séropositive, comme la plupart des personnes du bidonville, elle a créé une école non-officielle et loge les enfants qui n’ont plus de parents pour les éduquer. Lorsqu’elle parle de ce qu’elle fait, elle est enthousiaste. Tout comme Benta, d’autres créent des structures pour lutter contre la criminalité dans le bidonville, comme Maasai Mbili qui cherche à développer l’art avec des formes propres à Kibera, Promoja FM qui est une radio ayant pour but de “connecter les gens”, des femmes veuves s’échangent aussi des connaissances maintenant que leur maris ne sont plus là. Le 8 août 2017 se déroulent des élections visant à élire le nouveau président du Kenya. Deux hommes de tribus différentes sont susceptibles d’être élus, un Luo et un Kikuyu. Le Kikuyu remporte les élections et des violences éclatent dans Kibera car ses habitants sont essentiellement Luos. Mais malgré tout, Donwilson explique qu’à travers ses photographies, il souhaite “ne pas montrer le côté douloureux de Kibera mais son bon côté”. Ce documentaire est donc guidé par la voix off de Donwilson mais de longs moments de non parole permettent au spectateur de cerner l’ambiance qui règne dans Kibera et d’apprécier les relations entre les différents habitants.

Rémi Teulier.

Un surprenant coup de cœur 

Les documentaires ? Je ne connaissais le genre que de nom en zappant sur Arte pour passer d’M6 à W9. Et lorsque l’on nous a annoncé en début d’année scolaire que le fipa changeait de format pour devenir le fipadoc, j’avoue avoir été plus que réticent. Au premier abord, voir un documentaire sur un petit vieux qui fabrique des guitares ou sur un groupe de punk malgache ne m’attirait pas vraiment.

Pourtant, depuis le début du festival, je me surprends à adorer ça. Chaque documentaire que j’ai eu la chance de regarder nous donne une manière propre à chaque réalisateur d’aborder des sujets aussi différents qu’intéressants.

Mon coup de cœur se porte sur un documentaire au format surprenant puisque les images qui le composent sont en grande partie des dessins animés. En effet, avec Jeszcze dzien zycia (ou Another Day of Life), Raùl de la Fuente et Damian Nenow ont su raconter l’histoire d’un journaliste polonais parti en Angola lors de la guerre civile de 1975. Cette histoire qui aurait rapidement pu devenir morbide par la dureté de cette guerre est extrêmement bien amenée grâce à la superbe animation qui rend compte des événements tout en nous écartant à une certaine distance de la sanglante réalité. La réalisation s’est aussi tournée sur les émotions du journaliste : la tristesse pour les êtres morts sur sa route, et la peur de disparaître à son tour. Enfin, des interviews entrecoupent l’animation, nous dévoilant les visages des personnages animés, nous confrontant à la réalité des faits contés.

Finalement, je ne regrette absolument pas cette évolution du Fipa vers le Fipadoc. Ce festival est une expérience intense que je renouvellerai sans hésiter !

Clément Cavalier.