Reconstructing Utoya

Dans mon armoire, les pellicules s’entassent et toutes relatent un moment de ma vie. Et aujourd’hui je dois chercher celle qui contient le plus lourd secret, celle qui a changé ma vie. Elle est toute poussiéreuse et abîmée, elle a vécu des moments difficiles. J’avais besoin d’oublier. De laisser de côté ces souvenirs qui me hantaient. Mais il est temps de les partager.

Lentement j’enclenche le projecteur et la bobine se met en marche. Mes souvenirs défilent si vite. Je dois vous raconter. Stop! Je m’arrête là. Les yeux rouges, une larme au coin de l’œil, je les regarde. Ce silence est pesant pour moi, mais c’est de cette façon qu’ils recueillent mes souvenirs. Je le vois dans leurs yeux, ils ont compris, il vont essayer de rendre hommage à cette tragédie. Car oui c’était l’enfer et je ne m’en suis pas sortie indemne, une partie de moi est restée là bas et je ne la retrouverai pas.

Je remets la bobine de mes pensées en marche. Je laisse couler cette larme qui ne voulait pas descendre sur ma joue. C’est bon! Je peux m’arrêter là. Je finis de leur raconter. Sur ces lignes blanches, je regarde passer leurs corps. Sur cette scène d’un noir profond, je les entends rire, s’enlacer, jouer. Je sursaute. Un bruit métallique me glace le corps. Et  BOUM. Ils courent, ils paniquent, ils plongent, ils tombent. Plus un bruit. Sous mes yeux, leurs corps sont immobiles. C’est dur de les voir prendre autant de risques pour reconstituer Utoya. Enfin je l’ai dit. C’est sorti, Utoya, cette ville dans laquelle j’ai laissé une partie de moi. Mon innocence est restée à Utoya.

Salomé Paquereau.

C’est dommage, c’est peut-être la dernière fois

2019  – première édition du FIPADOC. Face à la forme documentaire, la réserve et les craintes sont là. Le festival se termine et avec grande surprise, l’attente du prochain naît. Les mois passent, passent, passent.

2020 – le FIPADOC arrive enfin, l’enthousiasme est grand. La programmation tombe et l’excitation s’estompe. Déception. Est-ce dû à une comparaison avec l’an passé ? Renier les a priori, les préjugés et faire confiance à cette nouvelle édition du festival.

Décevant.

Confusion.

ENFIN.

Intéressant.

 

Frustration. Frustration. Frustration …

 

Gaëlle Paolacci.

Scheme Birds vu par Kevin Lami

Les rencontres inattendues sont souvent celles qui nous marquent le plus, ou tout du moins, celles qui nous surprennent agréablement. C’est un peu ce qui s’est passé pour moi avec Scheme Birds. Je suis allé à la rencontre de ce documentaire un peu par défaut, et je ne regrette pas du tout mon choix.

Scheme Birds nous raconte l’histoire de Gemma, une adolescente grandissant à Motherwell, une région pauvre d’Ecosse. Au cours du métrage, nous allons suivre son évolution : au début Gemma, comme tous les jeunes de son entourage a un comportement destructeur envers les autres et elle-même. Avec ses amis, elle se bat, passe son temps à boire, à se droguer et n’envisage aucune perspective d’avenir. Ses choix vont faire qu’elle va se brouiller avec Joseph, son grand-père, et la seule famille qu’elle a.

Cependant un événement va pousser Gemma à changer radicalement de comportement, à envisager un avenir de plus en plus lumineux, et ce malgré la présence d’un environnement toujours aussi destructeur autour d’elle.

Gemma et son entourage sont attachants, leur humanité est frappante et crève l’écran. Leur faiblesse et la simplicité avec laquelle ils y font face provoque chez nous un sentiment d’empathie bienveillante. Je ne sais pas à quel point Scheme Birds peut toucher ses spectateurs, mais je crois avoir été un spectateur idéal pour recevoir toute l’émotion qui s’en dégage.

Kevin Lami.

Strip and War vu par Léo Betboy

« Les liens familiaux parviennent parfois à combler les fossés intergénérationnels ». Mais ce fossé entre les deux protagonistes de Strip and War est immense. L’ordre des plans selon lequel est organisé le documentaire, ainsi que le dialogue contribuent clairement à construire deux mentalités totalement opposées. Le grand-père, un ancien militaire, reste fortement bloqué dans la guerre, dans ses valeurs traditionnelles et tente de les diffuser aux nouvelles générations. À l’inverse, son petit-fils est loin d’être conforme aux règles conventionnelles. Il arrête ses études d’ingénieur pour réaliser ce pour quoi il est fait : le strip-tease. Son comportement, de manière plus générale, peut être vu comme l’émancipation universelle d’une nouvelle génération qui rompt avec le côté traditionnel forgé par une génération plus âgée.

Léo Betboy.

Scheme Birds vu par Léa Roux

Ce n’est pas un film sur Gemma (l’« héroïne ») mais un film avec Gemma. Et c’est sûrement pour cela qu’elle est si présente. Les cadres sont souvent près et entrent dans l’intime, dans sa relation avec sa famille, son compagnon, ses voisins, et dans ce qu’elle vit. De plus, c’est elle qui mène le récit avec sa voix. Elle présente ainsi ses amis (« Lui c’est J-P ») et dévoile les événements de sa vie et ce qu’elle en pense. Sa parole, et les prises de vue, sont intimes car très libres. Mais on peut s’interroger sur la question de la vérité de ses propos et d’une possible mise en scène. Tout au long du film, il n’y a qu’un seul regard caméra. Le grand-père de Gemma présente le pigeon qu’il tient dans ses mains à la caméra et nous parle de celui-ci. Cette ignorance est-elle le fruit de l’accoutumance à être filmé ? Peut-être pas à ce point-là. La présence d’une caméra et d’un microphone influencent inconsciemment ou délibérément la façon d’agir des gens qui sont devant.

Le fait de suivre Gemma pendant plusieurs années est intéressant et je pense nécessaire dans la construction du film afin d’avoir de la matière et de voir son évolution, de prendre du recul par rapport aux premières images et nuancer le propos. Au début, les insultes et les coups de poing fusent. Ce n’est pas le cas à la fin.

Il n’y a pas que la voix de Gemma qui raconte. Pat, son amoureux, le fait avec un débit de parole rapide. Il énonce les choses, peut-être avec pudeur ou bien l’émotion est forte et donc la prise de parole est éprouvante. Gemma est plus posée et mène le film. C’est elle qu’on entend le plus.

Le titre renvoie aux pigeons voyageurs qu’élève son grand-père, surtout présent au début. C’est une métaphore pour parler de ces jeunes nés dans un monde violent pour deux raisons. Il y a plusieurs fois l’image de ces oiseaux qui s’envolent, signe de liberté. L’image revient également sur le tatouage qu’arbore Gemma sur l’épaule. Donc, la première raison est que ces jeunes veulent être libres. La deuxième est liée au fait que les pigeons reviennent dans leurs lieux d’origine. Gemma affirme dès le début qu’elle ne partira pas de l’endroit où elle vit malgré la violence. Ce qui traduit une sorte de fatalité.

Léa Roux.

Anbessa vu par Yanis Château-Raynaud

Avant de visionner Anbessa,  j’avais pour attente un film sur la situation de vie des Éthiopiens face aux avancées technologiques, à la modernité d’aujourd’hui.  Or, c’est totalement différent, nous y suivons « l’aventure » d’un petit garçon en marge de la ville, aussi bouleversant soit-il du fait de sa confrontation à la souffrance , à la précarité. En fait, le film me semble mal réalisé, nous passons d’une séquence incompréhensible à une autre sans jamais faire un lien entre l’une et l’autre.

L’ histoire, le fil conducteur  occupe l’espace mais  ne laisse pas assez de place au véritable message. Je pense que le film se veut être un regard critique sur l’impact de l’industrialisation  dans les zones très précaires. Cependant il ne nous apprend rien que l’on ne sache déjà.

Yanis Château-Raynaud.

Sans frapper vu par Téo Cotelo

Sans frapper est un film de Alexis Poukine. Ce documentaire franco-belge traite du viol et du consentement sexuel. Pendant 1h25, nous enchaînons les témoignages de personnes ayant subi ou ayant fait subir de telles violences.

Ce film permet aux gens (dans le film et aux spectateurs) de libérer leur parole, face au silence souvent observé à la suite d’un acte pareil. Au début du documentaire, les femmes lisent un témoignage d’une femme violée, et petit à petit elle vont se détacher de cet écrit pour raconter leur propre récit. La chose chagrinante dans ce procédé est que certaines ne sont pas à l’aise et nous remarquons qu’il s’agit d’un texte lu  alors qu’on voudrait nous faire croire à un vrai témoignage. Les femmes et les hommes filmés dégagent quelque chose d’émouvant et leurs paroles sont touchantes et parfois choquantes quand ils décrivent certaines situations.

Selon moi, les principaux défauts de ce film sont la monotonie du cadrage qui reste le même tout au long du film (plan rapproché épaule ou taille frontal) et un montage lent et plat, ajouté à la durée du film, ce qui nous fait décrocher du propos assez rapidement une fois passée la première demi-heure de film. De plus, aucune voix off, et aucune explication n’est donnée et vu la multiplicité des histoires qui parfois sont racontées par plusieurs personnes différentes, le spectateur est vite perdu et ne comprend plus de quelle histoire ou quelle personne nous parlons. A part cela, ce film est touchant et émouvant et nous fait comprendre le trauma post-viol et la réaction des personnes qui le subissent.

Téo Cotelo.

Le documentaire ne vit pas

Le documentaire ne vit pas ou n’agit que peu s’il n’est pas discuté par ses spectateurs. Il est important et intéressant d’écouter les avis de chacun pour se rendre compte de l’impact de cet objet audiovisuel sur les personnes qui le reçoivent. Si le documentaire ne fait pas réfléchir, il est consommé et bu par le spectateur trop passivement. Le but premier du documentaire est de ne pas laisser le spectateur indifférent après son visionnage, de faire en sorte que son existence joue un rôle à petite ou grande échelle dans notre société.

Léo Reversat.

Ta passion récente pour les blobs

Théo DUPOUY

44 Rue des pique-prunes

32150 Cazaubon

0640563423

 

A Anglet, le                                22/01/20

Papa,

Cette semaine, se tient à Biarritz le Fipadoc, un festival destiné aux documentaires de toutes catégories. Connaissant ta passion récente pour les blobs, et l’envie de t’en procurer (notamment quand on est allé chercher les cèpes en novembre dernier), je suis allé voir un documentaire qui en parlait scientifiquement. Et je peux donc te dire que c’était peine perdue pour nous d’en chercher en plein mois de novembre par 10°. Il y a tout plein d’infos sur cette cellule qui est fascinante dans ce documentaire. Je vais essayer de me le procurer pour te le montrer, tu vas halluciner ! Bref on essaiera d’en trouver plutôt cet été dans les sous-bois. Il évolue seulement quand il fait au moins 25° et à l’ombre. J’espère que tout va bien à Cazaubon City, Je reviens vite.

Bises.

Théo