Free to rock, le rock américain vu par les Américains d’Amérique.

Une kyrielle d’éléments pourraient alimenter une critique positive de Free to rock. L’intérêt, et peut-être l’enjeu du documentaire, est le portrait qu’il fait non pas de la guerre froide, mais de l’un de ses prétendus illustres protagonistes : le rock. Un genre ayant traversé les actes répressifs et violents des autorités soviétiques qui souhaitaient le condamner.
Si le documentaire ne le dit pas clairement, c’est du camp américain que sera vue cette trajectoire, aussi regrettable que cela puisse paraître. L’occidentalisation musicale de l’URSS viendrait majoritairement, si ce n’est uniquement des Etats-Unis.
Cette absence assez brute de subtilité ne peut pas être imputée à une étroitesse d’esprit du réalisateur qui semble renseigné sur le sujet – douze ans pour le réaliser – et c’est là le point névralgique du documentaire.
Nous suivons l’odyssée égocentrique du rock’n’roll, menée par une voix off omniprésente qui écrase complètement la musicalité du documentaire. Nous écoutons aveuglément une histoire très synthétique, simplifiée et donc parfois inexacte. Les plans sans inspiration et les images d’archives pas toujours pertinentes s’enchaînent et sont oubliés à la seconde où ils disparaissent. L’américanisme du documentaire n’épargne aucun cliché : des interviews de Jimmy Carter surplombant trois drapeaux américains ou des élans patriotiques de mythiques groupes de rock américain envahissent en permanence l’écran. Le documentaire a la qualité de nous faire découvrir quelques groupes soviétiques mais n’en fait malheureusement pas profiter nos oreilles. Le rythme du documentaire se veut aussi rapide et violent que fut le rock d’antan mais finit par nous accabler tant il est répétitif. Si on ajoute les accusations sans preuves et inexpliquées du camp américain sur le camp russe, des raccourcis alarmants (Poutine associé à la liberté) et le manque de diversité de point de vue, on obtient une oeuvre prétentieuse et condescendante, qui ne suffit pas transmettre à ce qu’elle aurait dû partager : la démocratisation culturelle de l’URSS.

Milo Dumartin.

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