Les airs sauvages vu par…

Au départ seulement la voix humaine, sauvage et sensible, qui court à travers les montagnes. Elle monte puis redescend, elle donne le rythme et l’émotion. Marque la pause et les silences, césures à l’hémistiche. Elle vit du basque et de son histoire. Elle se chante en déambulant. Mais l’heure se perd pour ces chants et ces chanteurs souletins. Ce sont des chants de berger qui se crient dans la montagne et qui se revendiquent d’une tradition qui se perd, merci la mondialisation. Comment alors faire perdurer la tradition sans la pervertir ? C’est la question que se pose le jeune musicien Oihan Oliarj-Ines pour son projet de fin d’études au Conservatoire. Et c’est sa soeur qui filme son long questionnement et ses rencontres avec les chanteurs qui perpétuent ces chants ancestraux. Il faut les convaincre de participer à un disque, de démocratiser cette musique, de la renouveler.
Des chants basques instrumentalisés, harmonisés à la guitare, déconstruits à l’ordinateur. Le projet est risqué mais la matière est formidable. Oihan Oliarj-Ines est un très bon arrangeur et trouve du rythme dans la tonicité des mots. Il ajoute une guitare électrique, une batterie, du piano, un violoncelle, une flûte. Des sonorités brutes qui s’appliquent parfaitement à ces chants, qui les accompagnent sans les noyer, qui les laissent respirer et créent des atmosphères en rapport avec les textes.
Elsa Oliarj-Ines choisit elle d’illustrer son film comme un road-trip. Une idée intéressante : après tout, ces chants n’étaient que pour les bergers lorsqu’ils marchaient. Le film est donc rempli de plans pris de l’intérieur de véhicules, de routes et de montagnes et cela crée une alchimie magnifique jusqu’au moment où tout s’embras(s)e et que la musique devient une transe aux airs rocks, des « airs sauvages ».

Mathis Veillard.

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