Scheme Birds vu par Léa Roux

Ce n’est pas un film sur Gemma (l’« héroïne ») mais un film avec Gemma. Et c’est sûrement pour cela qu’elle est si présente. Les cadres sont souvent près et entrent dans l’intime, dans sa relation avec sa famille, son compagnon, ses voisins, et dans ce qu’elle vit. De plus, c’est elle qui mène le récit avec sa voix. Elle présente ainsi ses amis (« Lui c’est J-P ») et dévoile les événements de sa vie et ce qu’elle en pense. Sa parole, et les prises de vue, sont intimes car très libres. Mais on peut s’interroger sur la question de la vérité de ses propos et d’une possible mise en scène. Tout au long du film, il n’y a qu’un seul regard caméra. Le grand-père de Gemma présente le pigeon qu’il tient dans ses mains à la caméra et nous parle de celui-ci. Cette ignorance est-elle le fruit de l’accoutumance à être filmé ? Peut-être pas à ce point-là. La présence d’une caméra et d’un microphone influencent inconsciemment ou délibérément la façon d’agir des gens qui sont devant.

Le fait de suivre Gemma pendant plusieurs années est intéressant et je pense nécessaire dans la construction du film afin d’avoir de la matière et de voir son évolution, de prendre du recul par rapport aux premières images et nuancer le propos. Au début, les insultes et les coups de poing fusent. Ce n’est pas le cas à la fin.

Il n’y a pas que la voix de Gemma qui raconte. Pat, son amoureux, le fait avec un débit de parole rapide. Il énonce les choses, peut-être avec pudeur ou bien l’émotion est forte et donc la prise de parole est éprouvante. Gemma est plus posée et mène le film. C’est elle qu’on entend le plus.

Le titre renvoie aux pigeons voyageurs qu’élève son grand-père, surtout présent au début. C’est une métaphore pour parler de ces jeunes nés dans un monde violent pour deux raisons. Il y a plusieurs fois l’image de ces oiseaux qui s’envolent, signe de liberté. L’image revient également sur le tatouage qu’arbore Gemma sur l’épaule. Donc, la première raison est que ces jeunes veulent être libres. La deuxième est liée au fait que les pigeons reviennent dans leurs lieux d’origine. Gemma affirme dès le début qu’elle ne partira pas de l’endroit où elle vit malgré la violence. Ce qui traduit une sorte de fatalité.

Léa Roux.

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