Delete, delete, delete, ignore, delete…

A votre avis, où se retrouvent les pires atrocités publiées sur les réseaux sociaux ou sur internet ?

La plupart des gens, y compris moi, pensent que des algorithmes hyper puissants ont été mis place pour trier les images les plus abjectes qui se baladent sur les réseaux. Malheureusement, ces algorithmes existent, mais ne sont pas assez puissants pour distinguer le bien et du mal, le tolérable de l’intolérable.

Le documentaire The cleaners nous révèle, sans filtre et sans détours, l’existence d’un métier volontairement occulté par les plus grandes entreprises de nouvelles technologies : les modérateurs de contenu. Derrière ce nom mystérieux, se cachent en réalité des hommes et des femmes (basés aux Philippines) qui, sous la promesse d’un « bon » salaire, se sacrifient pour trier, toute la journée, les photos et vidéos qui concentrent les pires exemples de la perversion humaine. Pédopornographie, décapitations, violences physiques, cyber harcèlement… sur eux repose la décision de supprimer ou d’ignorer ces images insoutenables. Exposés à tant de violences, certains arrêtent, mais d’autres, bloqués par leur situation sociale finissent par s’habituer à ces atrocités qui entrent peu à peu dans leur quotidien. Véritables algorithmes vivants, ils doivent trier plus de 25 000 images et vidéos par jour et se détruire pour préserver, du mieux qu’ils le peuvent, le reste de la planète.

Les entreprises concernées par cette exploitation sordide, notamment le géant des réseaux sociaux Facebook, établissent un cahier des charges des images à garder et de celles à supprimer. Le documentaire questionne sur ces sociétés qui, au sein de leur microcosme, décident de ce qui est légal ou non. Dans des pays démocratiques, ce tri biaisé pose un réel problème car se sont parfois des œuvres caricaturales, qui relèvent de la liberté d’expression, qui sont tout simplement retirées de toute visibilité. Ainsi, où doit s’arrêter ce tri ? Où s’arrête la liberté d’expression ? Est-ce aux entreprises privées de décider de ce qui doit être accessible ou non ? Ce tri ne nous prive-t-il pas de notre libre-arbitre ?

Le documentaire tente de répondre à ces questions dans une réflexion poussée et plutôt large. Âmes sensibles s’abstenir, car les propos tenus et les images montrées dans le film sont d’une violence et d’une brutalité rare, parfois à la limite du soutenable. Le film ne nous révèle pas toutes ses clés, et nous sortons de la salle de cinéma désorientés et soucieux face à la triste réalité du monde dans lequel nous vivons.

Lisa Berges.

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