Le temps des forêts, vu par Brice Darchu

La forêt meurt, lentement, parfois dans un silence assourdissant, parfois dans un vacarme mécanique traumatisant. François-Xavier Drouet donne à voir de façon crue, juste, simple et efficace, cette nature sans cesse violentée ; ces milliers d’hectares forestiers du premier pays agricole d’Europe, massacrés par une sylviculture toujours plus affamée. A l’image : des cadavres d’arbres entassés, d’autres qu’un monstre de ferraille secoue comme un chien secouerait son jouet, des rivières de boue sanguinolentes, et des « déserts verts » à la vie manquante. L’univers sonore vide et pesant donne à comprendre que les oiseaux ont disparu, leurs chants remplacés par celui des engins. Le mot « forêt » a lui aussi presque disparu et sa signification s’est perdue entre la forêt riche en (bio)diversité d’il y a 60 ans et les étendues de sapins « soldats » prêts à être déracinés, coupés, exportés et vendus, pas plus tard que maintenant.

Sur ce sol sans vie, apparaissent pourtant quelques résistants. Ceux-là osent les conflits de points de vue et de priorités quant au « vivre ensemble » à installer entre l’homme et la forêt. Des hommes, bûcherons ou gardes forestiers, se tiennent devant l’homme aveuglé, ancré dans le système de profits financiers, qui menace leurs vie ainsi que celle de toute la faune et la flore. Des hommes et des femmes offrent de l’espoir, cherchent des solutions et se rassemblent dans un but commun, alors qu’ils observent leur environnement mourir lentement. L’intérêt d’une réflexion sur l’entêtement à l’utilisation des anciennes méthodes, souvent liées implicitement à cette époque qui promouvait les produits phytosanitaires. L’abandon de la « mal-forestation ». L’ouverture vers un rapport plus respectable et raisonné dans le milieu naturel, qui amène vers un bénéfice collatéral nécessaire. Tout se recoupe. Une façon de nous resituer, nous hommes pressés et égoïstes, au sein d’une forêt qui a beaucoup à offrir à celui qui saura la considérer.

Brice Darchu.

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