Réaliser Riturnella

A l’occasion du Fipadoc 2019, des films dit étudiants sont présentés, sous la qualification de Jeune création. Cette catégorie qui présente des films moyen-métrages d’une durée variant de 20 à 30 minutes en moyenne possède sa propre compétition pour décider de la meilleure création. 

Le film qui m’a le plus touché dans cette catégorie est Riturnella du réalisateur Nils Martin. Sa création entre dans le cadre de ses études, grâce à l’université de Bordeaux-Montaigne qui a produit son film.

Il s’agit d’un documentaire sur le métier de berger aujourd’hui. On suit alors deux montagnards dans leur garde d’un troupeau, dans les Alpes, à plus de 3000m d’altitude. On apprend à comprendre les différentes tâches du métier, les compétences nécessaires, et le mode de vie à adopter pour réussir. Nous partageons ce savoir et ces connaissances  par le biais des témoignages de nos deux bergers.

Le réalisateur, Nils Martin, a tourné et monté son film seul. Dans le cadre de ses études, aucun budget n’était alloué à la réalisation de son film. Il est donc monté en haute montagne pour suivre ce troupeau seul avec sa caméra. Mises à part les contraintes techniques, par exemple l’obligation de retourner en vallée pour dérusher et recharger les batteries, cette manière de réaliser crée un effet particulier. On a l’impression que le cameraman est aussi acteur. On ressent sa présence dans les dialogues avec les bergers. Sa voix est même perceptible sur certains plans, notamment lorsqu’il suit les personnages et que l’on entend son souffle.

Il devient le confident des bergers, et grâce à sa caméra, il est aussi le relais entre ces témoignages et les spectateurs. Il endosse un rôle important, celui de transmettre un message. Ce rôle est d’autant plus accentué par l’absence de questions posées par le réalisteur. Seul le commentaire des hommes de la montagne est important. Il est alors plus simple de s’identifier à un témoin qui ne parle pas mais écoute.

Cet aspect qui montre la présence d’un témoin sans jamais le voir facilite la transmission du message des bergers vers les spectateurs.

Dans Riturnella, on soupçonne la présence d’un troisième personnage dans le corps du cameraman. Il est le témoin qui écoute des récits et les transmet sans questions et sans les déformer.

Léo Gonin.

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