La nuit tous les chats sont gris vu par Xaëlle Ferrier

Le réalisateur suisse Lasse Linder nous propose par son film La nuit tous les chats sont gris une histoire assez peu commune et intime de Christian et de sa relation avec ses deux chats Marmelade et Katjuscha.

Le réalisateur manifeste la solitude profonde de cet homme, transmise par des plans moyens fixes. C’est le personnage qui est contraint de se déplacer dans le cadre et non le cadre qui le suit. Malgré ce large espace dans lequel il évolue, il se voit malgré tout encadré sur les côtés, par l’encadrement des portes ou les murs.

Ainsi la solitude de ce personnage l’amène sûrement à se créer ce monde fictif,  intérieur,  dans lequel il est enfermé et qui ne concerne que lui et ses chats.

Bien que ses chats soient traités avec considération, ils sont montrés d’une manière particulière à l’image. Ils se voient souvent occuper l’écran seuls, sans présence humaine. Cela leur confère ainsi un statut important, à l’instar de celui que leur confère Christian. Ils paraissent presque des humains à l’écran, par leur position à l’image et par la place qu’ils occupent dans le champ avec notamment des gros plans. On partage ainsi en quelque sorte le point de vue de Christian qui considère ses chats comme des personnes avec qui il a des liens proches (notamment Marmelade qu’il appelle constamment “ma chérie ” et qu’il accompagne dans son accouchement). On verra même son bouleversement lorsque ses chats finalement, qui restent des animaux, ne répondent pas à la démonstration d’amour qu’il leur fait.

Les discussions entre Christian et ses chats paraissent alors dérangeantes, relevant de son monde intérieur et traduisant sa manière de combler sa solitude. A première vue, on en viendrait à le qualifier de fou, or chaque personne détenant un chat sait qu’elle a déjà eu des échanges de conversation avec son chat. Lasse Linder nous offre alors une réflexion miroir sur une habitude assez intime qui reste inavouée mais qui dévoilée au public renforce cette impression de folie.

Alors que le titre est assez classique, nous sommes donc plongés dans une histoire assez particulière. A la fois comique par l’attachement fort entre cet homme et ses chats, peu habituel à l’écran, ainsi que par les chats eux-même. Et d’un voyeurisme perturbant qui nous plonge dans l’intimité de cet homme.

Xaëlle Ferrier.

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