LE GANG DE QUI ? ET PUIS QUEL GANG ?

C’est étrange n’est-ce pas ? Entre la guerre, la pollution, la fin du monde immédiate, la guerre, la torture et la guerre, pourquoi est-ce que ce qui m’a le plus révolté est une ouverture de film où une vieille voix de druide me parle de téléphones comme de miroirs maudits alors que la musique d’église atteint son sommet, et que le titre Girl Gang apparaît de la façon la plus dramatique qui soit. Impossible alors de croire ce dont je venais d’être témoin, aucune chance que cela soit réel, personne de vivant dans ce monde n’aurait pu faire apparaître un titre comme Girl Gang au pic d’une chorale religieuse. Mes yeux sortent de leurs orbites et ma mâchoire vient frapper le sol, le cauchemar continue. Des foules de trop jeunes adolescentes, tellement denses qu’on ne distingue plus qu’une seule couleur, filmées au ralenti avec ces mêmes fichues musiques christiques. De quoi s’attendre à la soudaine évaporation de cette foule par le souffle d’une météorite ou par la véritable apparence de Zeus.

                  En soi, je suppose que ce n’est pas un mauvais propos, cette famille qui vit dans un monde complètement extraterrestre loin de la moindre décence humaine, ce manager qui sort un petit rire après avoir parlé de photo érotique d’une gamine de 14 ans ou cette fan qui voit ses os être remplacés par de la mousse à la vue de son Dieu unique « @Leoogalys ». A deux doigts de bondir de mon fauteuil et d’étendre mes bras comme Michael Jordan à la fin de SpaceJam pour manifester ma présence dans ce monde de folie, secouer ces parents faits de paille dans l’espoir de révéler des boulons à leurs articulations, de quoi me dire tout était faux ! Mais non, la chorale (qui commence de plus en plus à ressembler à la bande-son qui se jouerait le jour de ma mort) continue de se faire entendre par-dessus des story Instagram où cette influenceuse est recouverte de logos McDonald.

                  Le film se ferme sur le même plan qui le fait commencer, avec un autre texte, soit affreusement mal écrit, soit mystérieusement prophétique, qui compare les téléphones à des miroirs noirs maudits, avec cette même musique des funérailles de la reine. Je pense bien n’avoir pas cligné des yeux depuis le début de la séance; comment expliquer que de la fumée en sorte alors. Je repense à ces moments où les parents avouent ouvertement être des ordures, des ratés, des abominations, qui utilisent leur fille pour accomplir tous leurs fantasmes et accomplir ce qu’ils n’ont jamais fait. Je repense à ces scènes et je suis presque sûr d’avoir vu des ficelles qui faisaient bouger leurs bras, mais cela doit sûrement être un mécanisme de défense de la part de mon esprit. Je sors de la salle, regarde le soleil droit dans les yeux, et vérifie que les gens autour de moi ne marchent pas au charbon ou à l’électricité, puis me fais cette remarque alors que mes organes se remettent en place : « Pas de doute, il s’agissait bel et bien du Girl Gang ».

Emeric Trolliet.

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