Bordeaux-Paris, la course d’un siècle vu par…

Ce documentaire réalisé par Manuel Senut a été présenté à Campus Doc avec six autres courts-métrages. Il retrace le déroulement de la première course cycliste sur route de l’histoire qui reliait Bordeaux à Paris, les deux capitales françaises du vélo de l’époque.
Ce documentaire ne parle pas uniquement de la course mais nous informe également sur le fait que cet évènement a rassemblé une France désunie par la défaite contre les Prussiens en 1871 et la guerre civile entre l’armée et les Communards. Et la voix de Denis Lavie nous conte le récit de cette course avec l’aide d’animations dues au manque d’images mais qui apportent une dynamique au récit qui n’aurait pas été aussi présente avec uniquement des images d’archives. C’est donc la découverte d’une France majoritairement rurale que nous propose Manuel Senut ici à travers cette course certes remportée par des Anglais mais représentant une victoire pour le peuple français s’étant identifié à ses coureurs durant ces quelques jours de course.
J’ai apprécié cette réalisation car le manque de témoignages visuels a permis d’aborder le sujet de manière originale et dynamique avec une voix off accrocheuse.

Titouan Martineau.

Wake in Fright vu par…

Wake in Fright est donc une version remise à neuf d’un film de 1971, divisée en deux parties dont la première a été diffusée au FIPA. 
Ce film raconte l’histoire de John Grant, un jeune instituteur, qui suite à un accident de voiture, fait escale dans une petite ville minière nommé Yabba avant de partir prendre un nouveau poste à Sydney. Le soir, il joue son argent et se soûle. Et ce qui devait être l’affaire d’une nuit s’étend sur plusieurs jours.
Il est difficile pour moi de faire une bonne critique en venant de voir la version originale de ce film.
En tout cas, nous retrouvons avec plaisir cette atmosphère qui sent la graisse, la sueur, la saleté et la viande avariée dans cet environnement sous canicule permanente. Une bière appelle une bière et les bagarres sans mal sont monnaie courante. C’est justement là, dans un jeu de pile ou face, que le héros va se brûler les ailes.
En voyant ce film, ce qui m’a essentiellement choqué, c’est la stupidité du héros qui est une critique de la jeunesse à lui seul. Inconscient sur la route, enchaînant les verres sans compter et perdant son argent dans des jeux de hasard. Son but premier est de retrouver sa petite amie dont il semble extrêmement amoureux, on peut voir par le biais de flashbacks ses petites aventures avec elle. Mais bon, cela ne l’empêche pas de la tromper sous l’effet de l’alcool. Sans être totalement convaincant, le film n’en est pas moins fascinant notamment grâce à sa mise en scène qui ne ménage pas certains effets choquants et ses décors qui sont absolument superbes.
Pour être franc, je vois toutefois ce film comme un enchaînement de clichés cinématographiques qu’on aimerait voir de moins en moins au cinéma.
La fin du film ne nous rassure pas vraiment sur la situation du héros mais ne me donne pas envie de voir sa deuxième partie.

Wake in Fright fait peur, parce qu’il conjugue ce qu’on voudrait à tout prix éviter. Un gouffre, un vide, l’image d’une vie construite comme un trou noir.
En somme, il n’y a rien à voir sous le soleil plombant de Yabba.

Jules Bardin.

A land without borders vu par…

A land without borders est un film fait à quatre mains sur le conflit israélo-palestinien.
Les réalisateurs, deux Israéliens dont les familles sont très engagées politiquement (le père de Nir Baram a été ministre dans les années 90) cherchent à apporter une solution réaliste pour mettre fin au conflit.
Pour cela, ils vont traverser leur pays et donner une parole égale à des Israéliens et à des Palestiniens afin d’avoir leurs idées de solutions pour mettre fin à un conflit qui dure depuis 70 ans.
Le film est fait pour nous faire entendre des voix qui ne nous parviennent que très rarement. Et cela malgré une forme un peu désordonnée – à l’image du conflit- car les interviews se suivent sans lien les unes avec les autres, avec pour seules transitions les trajets en voiture pour traverser le pays.
Mais le dialogue établi est fait pour trouver une solution, Nir Baram crée et entretient la débat face à des individus qui ne sont pas prêts à faire de concessions pour l’autre. Chaque fin d’interview se termine sur le fait que les solutions voulues par les deux parties ne sont pas les mêmes.
Les Israéliens veulent un état juif avec pour capitale Jérusalem et pour frontière celle dessinée par l’ONU en 1967.
Les Palestinien veulent récupérer leurs droits sur leurs terres volées par les colons israéliens en 1948.

J’ai été touchée par la volonté de trouver une solution pour vivre ensemble menée par les réalisateurs malgré qu’une grande partie des interviews nous montre que les avis des populations sont totalement divergents. Il semble justement qu’il n’y ait pas de solution.
Mais la dernière scène nous montre que la paix peut exister. Un rabbin évoque un état commun, une vie ensemble, où les deux religions cohabitent, une très belle prise de parole, suivie d’un plan magnifique, inattendu, où juifs et musulmans prient ensemble.

Contexte historique
Après la Seconde guerre mondiale, en 1948, l’ONU vote le partage de la Palestine pour créer un état juif. Les juifs survivants de l’holocauste migrent vers ce nouvel état mais une guerre civile éclate car une population, les Palestiniens, vivaient déjà sur ces terres que les grandes assemblées mondiales viennent de partager. Une guerre entre les deux peuples provoque un exode de milliers de Palestiniens vers les pays musulmans les plus proches.
Après plusieurs années de guerre, l’ONU décide de redessiner les frontières sans respecter celles dessinées en 1948.

Anaïs Roubaud.

Insh’allah democracy vu par…

Mo Ali Naqvi a pour objectif ici de nous éclaircir sur la situation politique au Pakistan sur les vingt dernières années, et c’est chose réussie. Malgré une chronique des événements un peu redondante, arrivé au milieu du documentaire, le montage a su faire rebondir suffisamment notre attention pour qu’on ne lâche pas la compréhension. Le réalisateur a eu la faculté de rendre le contenu accessible à tous en nous offrant son point de vue de citoyen ainsi que celui de l’ex-dictateur Musharraf, sans tomber dans une vision unilatérale ou trop subjective. Le film construit la remise en question non négligeable de ce réalisateur et électeur qui doit prendre parti lors des élections de son pays. La réalisation d’un parallèle entre sa construction personnel et civile et l’aspect politique du film n’est que bénéfique car elle permet une pause et l’assimilation des informations qui ne sont pas tout le temps faciles à lier. De plus, il manie avec subtilité (et parcimonie) l’humour noir pour témoigner de l’absurdité de certaines situations qui nous fait gentiment réfléchir sur notre point de vue d’Occidentaux. En bref, il nous permet de découvrir certaines faces cachées de la réalité concernant la vie des Pakistanais qui sont trop souvent négligées, gommées par les médias. Un documentaire qui témoigne d’une réalité forte malheureusement « banale » dans la société actuelle pakistanaise.

Brice Darchu.