Free to rock vu par…

Free To Rock (60min) de Jim Brown, un documentaire sur la naissance du rock durant la guerre froide en URSS jusqu’à son éclatement  en 1991.

Le documentaire évoque donc toutes les grandes pointures du rock, des Pink Floyd aux Beatles en passant par Bruce Springsteen ou encore Metallica. De grands noms associés à ceux provenant directement de l’URSS et se battant pour faire exister ce genre nouveau déjà bien implanté depuis dix ans en Occident pourtant. Certains groupes sont totalement inconnus et atypiques en Occident comme des groupes de hippies en URSS ou des groupes copiant les Beatles ou cherchant à faire passer des messages de propagande pour la jeunesse.
Seulement cet appel à la liberté est très vite étouffé par les interventions des voix off et des nombreux témoignages des chanteurs de rock de cette époque. Jim Brown a en effet mis douze ans pour réaliser son film, à la recherche des différents rockers russes exilés aux quatre coins du globe. Il nous entraîne donc dans sa course folle et nous ne réalisons pas à quel point cette investigation a été longue tant le sujet est survolé. Pourtant il s’agit bien là d’un sujet très large abordant à la fois le point de vue historique et culturel, mais comme par manque de temps ou de recherches les comparaisons et les raccourcis sont vite faits sans vraiment être questionnants.
La voix off explique et décortique tout, laissant le spectateur totalement passif , victime de ce qu’il voit et des énormités qu’il entend parfois. De nombreux contresens et maladresses sont ainsi créés : le rock américain aurait donc permis la chute de l’URSS, Poutine adore la musique occidentale et tout particulièrement le rock… La musique est complètement étouffée par la voix off : ne laissant que quelques secondes d’extraits à chaque fois, le réalisateur fait donc un contresens total en ne laissant aucune liberté au rock !

Elisa Mirande.

Corvéables à merci vu par…

Voici un reportage qui dénonce un drame de société, l’importation de main d’œuvre des pays pauvres, ici des domestiques employés dans les pays riches tels que le Liban, l’Arabie Saoudite et Hong Kong.
Au centre de cette histoire, des femmes philippines qui quittent leur pays pour offrir à leurs enfants ou leur famille un avenir meilleur, en dépit de leur santé, voire de leur vie.
Ce reportage offre donc la parole à une minorité maltraitée, exploitée et pas écoutée, excepté par d’autres minorités. Voulant se mettre à la hauteur de la misère de ces femmes, ce reportage répond bien aux questions qu’il pose.
Cependant alors que le film propose à une minorité de s’exprimer, pourquoi les femmes sont-elles traduites en voix off sur leurs paroles ? Comment peut-on prétendre les écouter, si nous n’entendons pas leur voix s’exprimer dans leur langue ? Selon une des réalisatrices, ceci a pour but de faciliter le visionnage du programme par le spectateur, mais comment peut-on prétendre se mettre à la portée des autres, si nous téléspectateurs ne faisons pas l’effort de les entendre ?
Bien sûr, ce défaut n’empêche pas le plaisir du visionnage, nous voyons que la réalisation ne reste pas sans défaut mais remplit parfaitement son rôle, grâce à l’utilisation de moyens techniques et une recherche de la symbolique par des cadrages de qualité, sans pousser une recherche d’esthétisme, ce qui rend le tout de ce reportage fort instructif et plein de richesse.

Rodolphe Cadoret.

I go back home : Jimmy Scott vu par…

Synopsis : Quand un producteur se bat pour capturer une dernière fois la voix unique de Jimmy Scott.
Film réalisé par Yoon-cha Chang

Jimmy Scott a influencé une génération de fans de jazz, mais au fil des années la notoriété qu’il avait s’est dissipée.
Ce film est en lui-même un voyage musical dans le monde du jazz. Dès le début du film, l’ambiance est installée par un rythme jazz de batterie. Première écoute de la voix de Jimmy Scott, les frissons sont au rendez-vous, la voix de cet homme est magnifique et elle nous plonge directement dans le sujet : le film retrace le combat acharné de Ralf Kemper, qui lutte pour enregistrer cet artiste une dernière fois au vu de son âge. Le film est composé de deux contenus différents, d’un côté on suit le producteur qui recherche des artistes qui pourraient intervenir dans les enregistrements, (qui sont d’ailleurs très nombreux) et qui monte son projet et de l’autre côté, le réalisateur a placé des interludes musicaux, semblables à des clips. Les images des interludes sont magnifiques, les plans utilisés montrent une fragilité dans le personnage de Jimmy Scott qui disparaît très vite lorsque que l’on entend sa voix. C’est un film très captivant qui m’a fait vraiment découvrir et aimer le jazz, il met en valeur un talent oublié par le temps, tout en contant une amitié entre le chanteur et son producteur. Je l’ai vraiment apprécié de la première à la dernière minute, je n’ai pas pu quitter l’écran des yeux, je le recommande vraiment.

Hugo Duvignacq.

KONELĪNE: Our Land Beautiful vu

 

Ce documentaire canadien traite des différentes populations vivant dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. C’est une réelle “claque” audiovisuelle, avec des paysages à couper le souffle, captés avec simplicité mais avec tant de talent. Un des points forts important à aborder au sujet de ce documentaire est la prise de son. Quand il s’agit d’interview, donc d’interaction avec la voix, elle reste classique, en accord avec les codes du genre. Il faut noter toutefois les variations pour les chants des communautés apaches, qui créent un son atténué et flottant dépassant le terme de musique pour devenir une émotion. Pour ce qui est du son d’ambiance, cela devient tout de suite plus complexe : nuances, transitions inhabituelles, accents mis sur des sons et bruits de la nature, sur des actions du quotidien. Le tout donne un cachet, nous immerge pendant 1h36 et nous emporte dans cette aventure qui ne peut que nous faire rêver vu la beauté des paysages et ce qu’il s’y passe. Une expérience hors du commun, difficile à décrire : chaque vision personnelle peut y découvrir les raisons de nombreux compliments à lui faire.

Etienne Le Goff.

Two trains runnin’ vu par…

Two trains runnin’ ? Je dirais même trois.

Comment un documentaire sur la recherche de deux bluesmen oubliés a-t-il bien pu traiter dans toute sa splendeur d’une étape historique des Etats-Unis qui  avait besoin d’approfondissement ? C’est ce que Sam Pollard et toute son équipe a brillement su faire en nous offrant, à nous spectateurs, un chef-d’œuvre de réalisation et de narration. L’histoire de deux quêtes simultanées prenant leur départ dans deux endroits totalement opposés (la Californie pour le premier groupe d’étudiants et l’Angleterre pour l’autre) et nous acheminant vers les retrouvailles de deux prodiges afro-américains originaires du Mississippi. Des précurseurs du Blues, contraints de laisser de côté leurs talents à cause d’un exercice violent des lois ségrégationnistes dans un état plus qu’antisémite à cette époque-là. Le tout juxtaposé au combat de trois autres étudiants qui essayent de faire valoir les droits des Noirs dans un état où la police raciste et le Ku Klux Klan font la loi. Une histoire de destins extrêmement bien menée à travers une réalisation simple, construite et efficace. Grâce à des animations magnifiquement dessinées qui s’ajoutent aux nombreux témoignages, vidéos et photographies d’archives, le spectateur n’a d’autre choix que de se laisser embarquer, non pas à bord des deux trains qui mènent vers les retrouvailles de Son House et Skip James, mais aussi dans un troisième train qui mène vers la morale du film sur l’influence qu’a pu avoir la musique sur la lutte contre la ségrégation aux Etats-Unis. Une lutte qui est toujours d’actualité et dans laquelle la musique est encore présente.

Thomas Gonçalves.

Panama Dokumenten vu par…

Ce film de Sven Bergman et Joachim Dyfvermark est un énième reportage traitant des Panama papers, mais comme de nombreux journalistes de divers pays ont participé à la révélation de cette affaire, celui-ci nous livre une vision différente de cette longue enquête. À travers le témoignage de journalistes islandais et suédois, apparaît une autre facette des enjeux liés à ces faits. Le numéro de Cash investigation diffusé sur France 2, dont on retrouve quelques scènes similaires lors de ce reportage, s’est vu complété par de nouvelles informations sur cette fuite. Ce reportage permet de se rendre compte que la carrière et la vie de ces journalistes s’apprêtait à prendre un tournant important, des hommes politiques comme le premier ministre islandais étant en cause. C’est un document fort intéressant qui nous donne une vision plus large de ce qui a défrayé l’actualité il y a peu.

Dylan Agbagni.

Klem vu par…

À croire qu’il n’y a que des hommes qui sont emprisonnés.
À croire que toutes les femmes préparent à dîner.
À croire que tout les hommes boivent des bières et fricotent avec des coquins. À croire que toutes les femmes sont belles et jeunes, coiffées et maquillées, à croire que tous les hommes portent un costume ou une veste en cuir.
Toutes les séries se ressemblent en fin de compte. Des relations délicates entre parents et enfants, en passant par les cris de détresse d’une femme perdant son mari, le film cherche à amener de l’émotion et un semblant de relationnel absolument superficiel. Ce à quoi s’ajoute du sang, pour pimenter un peu, comme une sauce barbecue, et du plaisir charnel, pour la petite douceur du dessert.
Une image bleutée et froide pour l’enterrement couplée à une couleur jaune et chaude pour les moments plus forts en intérieur.
Surtout, ne sortons pas des codes et des habitudes des séries.
Et vite vite, le prochain épisode, la fin du précédent tenant en suspens le téléspectateur.
Pauline André.

Free to Rock vu par…

Free to rock raconte l’histoire de la guerre froide, et le rôle qu’y a joué le rock and roll. Sympathique à regarder, c’est un film à gros budget : il est bien monté, enchaîne les séquences de concerts mythiques, ponctués par de nombreuses interventions de chanteurs, musiciens et hommes politiques qui ont vécu l’événement. Cela dit, en tant que film américain, il reste pro-américain : le côté de l’URSS y est très peu représenté. On peut comprendre qu’il y ait peu de témoignages et de chanteurs soviétiques à l’époque, à cause de la censure de ce genre musical, mais il aurait été appréciable d’utiliser plus de témoignages russes, par exemple de musiciens d’autres genres. La musique y est présentée surtout sous la forme des concerts : de la construction à la destruction du mur de Berlin, le film présente les concerts qui ont marqué le monde du rock, en débordant même parfois sur d’autres genres, de The Flowers jusqu’à Metallica en passant par les Beatles… On y apprend l’évolution du rock en Occident et en URSS, ce qui permet de comparer année après année.

Killian Denis.

Free to rock vu par…

Le documentaire musical réalisé par Jim Brown nous fait revenir en période de Guerre Froide et de l’URSS, à l’époque où les débuts du Rock’n Roll sont très mal vus et acceptés par le communisme russe. Pour voyager de cette époque jusqu’à nos jours, plusieurs témoignages de grands icônes du rock de l’époque nous sont proposés, pour parler du sujet de façon historique et anecdotique. Tout au long du film, nous sommes sans cesse sollicités pour écouter les informations que nous apportent ces témoins, ce qui peut devenir soporiphique au bout d’un certain temps. Mais la prise sonore des voix est de très bonne qualité et nous fait ressentir la personnalité de chacun des témoins, pour la plupart des musiciens russes, à l’accent prononcé. Néanmoins, le message que fait passer le documentaire est très sensationaliste et flatteur pour les Etats-Unis, auxquels le film ne cesse de faire des éloges du début à la fin. Cela peut paraître agaçant dans un premier temps, mais après réflexion, comme presque tous les témoins sont de nationalité russe, ils ne vantent pas leur propre pays, même si dans la réalisation l’esprit du film reste pro-américain. Par ailleurs, Jim Brown réussit à rassembler des informations instructives, et je me suis senti moins ignorant en sortant de la salle. Je sais maintenant l’influence qu’a pu avoir ce genre musical au cours de l’histoire, et le rôle qu’il a joué dans cette étape difficile qu’a été la Guerre Froide.

Maxime Lejonc.

Australia’s shame vu par…

En s’attaquant aux conditions de détention dans une prison pour enfants australienne, le reportage de Caro Meldrum Hana offre des preuves indiscutables de la déshumanisation du système pénitentiaire australien.
Les images violentes omniprésentes dressent l’état des lieux déplorable d’une culture institutionnalisée de la violence, donnant naissance à un isolement social de la communauté aborigène.
Cependant, la forme sensationnaliste et voyeuriste du contenu laisse le propos du reportage à l’état de constat et ne fait donc pas apparaître les problèmes majeurs.
Effectivement, l’utilisation quasi exclusive d’image de vidéosurveillance nous enferme dans un format standardisé. Mais c’est en utilisant la répétition des images les plus choquantes que le reportage tombe véritablement dans le déjà vu.
Proposant des images toujours plus crues habillées par une voix off entrant dans les moindres détails de l’atrocité, reprenant toujours le même propos, à la manière de la plupart des reportages formatés du petit écran, la construction stéréotypée du montage nous fait presque oublier l’essentiel : le sujet.
Ainsi la forme lisse le propos et est à la limite de le discréditer, ce qui s’avère étonnant pour un sujet aussi grave et peu médiatisé.

Bastien Fauché.