Je me perds dans les feuilles du programme…

Je me perds dans les feuilles du programme, feuilletant et fouillant dans ces catégories imprécises aux diverses couleurs. Je fouille, je note ce qui a l’air intéressant et je dois faire des choix. Qu’est-ce que je choisis entre ceci et cela? En allant dans ces salles obscures, il m’arrive d’être captivé, stressé, déçu, énervé et parfois je m’ennuie. Les résumés permettent de faire des choix mais parfois leur manque de précision nous font prendre les mauvais, ceci couplé au manque de précision des catégories, j’en ressors déçu. Peut-être faudrait-il créer des sous-catégories qui aideraient à voir sur quel aspect se focalisera le documentaire, comme par exemple histoire, social, politique et nature, je ne sais pas. Je passe du coq à l’âne, une fois je suis totalement embarqué dans l’histoire d’un héros qui désamorce des bombes et une autre fois je suis devant une espèce de publicité, en fait un hommage à un membre d’un groupe extravagant dont le montage est insupportable lors des interviews. Il y avait tellement de coupures au milieu des phrases et donc dans l’image qu’on se demandait si le monteur n’était pas celui de Tibo Inshape sur Youtube. Bon ce n’est pas grave, d’autres documentaires m’ont emporté comme The human factor et Honeyland. Parfois le film était un peu trop long malgré l’exploit qu’il racontait et il arrivait aussi qu’il survole un sujet qui avait un gros potentiel. C’est tous les risques du documentaire. Le Fipadoc n’a eu lieu que deux fois. J’espère qu’il s’améliorera, mais pour l’instant je garde précieusement le catalogue de cette année pour pouvoir voir ce que j’ai malheureusement manqué.

Lucas Flaszenski-Burie.

Honeyland vu par Jim Foster

Il s’agit du seul documentaire que j’ai visionné vendredi, mais je suis très satisfait. Ce documentaire nous emmène dans un monde unique, avec un sujet très rare, la culture du miel naturel. Pendant la séance, je peux dire que j’étais très impressionné par la beauté des plans, mais aussi par le travail sonore. Un aspect qui me questionne toujours est l’histoire, et ici elle prend le spectateur et ne le lâche pas. Cette histoire est tellement impressionnante que je ne sais toujours pas s’il s’agit de pure coïncidence ou d’un script. Néanmoins elle est magnifiquement abordée dans ce documentaire pour représenter sa splendeur et la dénonciation de certaines facettes de l’homme.

Jim Foster.

Enzo vu par Thomas Trompette

Ce bref court-métrage de sept minutes est captivant par sa forme. Il traite d’un sujet qui peut prêter à controverse : la transsexualité ou plus précisément la transidentité. Enzo nous parle !

La construction photographique choisie par la réalisatrice lui a permis de ne pas dévoiler directement l’identité physique de son ami. Les photos défilent de droite à gauche captant à chaque fois une partie de l’appartement d’Enzo, un fragment de son corps, bras, jambes, tatouages, piercing… Nous découvrons ainsi son environnement, ses passions, ses problèmes, et ce film est vraiment touchant. La voix d’Enzo narre le film à la perfection, le mixage audio est très immersif. Il faut noter que le premier plan est aussi le dernier du film. Les images s’imposent au son : la prise de son a été faite avant la captation photographique. C’est cela qui donne toute sa force au court-métrage.

Après l’avoir vu, vous aurez un regard neuf sur ce qu’est la transidentité !

Thomas Trompette.

The Feminister vu par Tifanie Ashba

Margot Wallström, ministre des affaires étrangères de la Suède et de sa politique étrangère féministe, rien que ça, c’est le sujet qu’a choisi d’aborder Viktor Nordenskiöld dans son documentaire The Feminister.

“L’avantage de vieillir c’est qu’on n’a plus peur et qu’on ne se force plus à sourire.”- Margot Wallström

Le réalisateur s’est immiscé dans le quotidien de la ministre pendant 4 ans et nous propose finalement un documentaire non pas politique, mais bien plus, humain. Même si ce choix peut parfois gêner puisqu’un des sujets principaux du documentaire est la politique étrangère féministe menée par le parti social-démocrate, il est vite justifié et validé tout au long du récit.

En effet, on développe au fur et à mesure du documentaire un certain attachement au groupe, favorisé par la relation entre le réalisateur et la ministre qui évolue également. C’est dans cette scène où les associés de Margot lui révèlent enfin une nouvelle assez éprouvante, que ce lien est le plus mis en valeur. Margot sort du cadre avant d’être rattrapée par la caméra qui semble se poser loin, mais dans sa direction pendant un court instant. On se rend compte qu’on est effectivement plongé dans sa vie intime, à laquelle elle a donné un accès mais dont nous ne franchirons pas les limites. Une vraie affection et un profond respect grandissent chez le spectateur tout au long du film.

La lutte que ce groupe mène est de mieux en mieux expliquée et on comprend que le terme “féministe” n’est pas utilisé pour suivre un effet de mode, mais bien pour faire état d’une situation politique inégale dans laquelle les droits humains sont bafoués.

Présente dans la salle depuis le début de la projection aux côtés du réalisateur, Margot Wallström brise ce lien déjà très étroit entre notre monde et celui représenté dans le documentaire. Elle répond aux questions des personnes présentes avec le plus de soin possible et nous délivre un discours poignant sur la peur et le courage.

The Feminister est un documentaire sur une femme forte et fragile dans toute sa complexité, au sein d’une équipe soudée et propulsée par des convictions communes qu’on espère pouvoir retrouver sur nos écrans de télévision ou nos plateformes internet.

Tifanie Ashba.

Watching the Pain of Others vu par Jeanne Roques

Watching the Pain of Others est un essai documentaire d’une jeune chercheuse, Chloé Galibert-Lainé, qui essaye de comprendre sa presque obsession pour le film de Penny Lane, The Pain of Others. Elle va ainsi faire des recherches qu’elle enregistre sur son ordinateur.

Je suis sortie mitigée de la séance. En effet, ce documentaire se présente comme un montage sur un écran d’ordinateur avec diverses fenêtres qui s’ouvrent. Si l’on peut y voir une entrée dans l’intimité de la jeune femme, l’empathie y est tout de moins restreinte par cette forme qui n’a cesse de nous rappeler une recherche informatique très scolaire. Ainsi le « je » que répète la jeune femme nous reste en travers la gorge et se transforme en un « je » égocentriste au milieu d’une recherche scolaire.

Cependant, on ne peut qu’admettre que le sujet est très intéressant, sur cette maladie qui se transmet par une empathie entre femmes, et qui justifie l’utilisation de la première personne. La réalisatrice y explique très bien cette maladie qui n’est que le reflet physique d’un conditionnement  des femmes du 21ème siècle qui se rendent malades pour leur physique.

Jeanne Roques.

Les mots de la cité vu par Lucas Dussans

Laurent Chevallier suit Mamadou Ba, qui tient une permanence dans une cité à Montreuil où il aide les habitants dans leurs démarches administratives. Le documentaire filme ces échanges et laisse l’histoire de Mamadou Ba exister.

Ma déception est assez grande, le sujet choisi me paraissait intéressant mais la réalisation et la réaction du public face au documentaire m’ont fortement déplu. Le film commence avec une voix off (celle du réalisateur) où il explique pourquoi il a voulu le réaliser : découvrir ses voisins qu’il ne connaissait pas malgré la proximité. Sa voix se fait aussi entendre lors de questions qu’il pose à Mamadou Ba, le ton et le choix des questions de Laurent Chevallier donnait l’impression d’une supériorité face à son interlocuteur et sa volonté de «découvrir ses voisins» prenait alors un autre sens, non pas celui de dénoncer ce qui se passe et les problèmes auxquels doivent faire face les habitants mais celui de les montrer dans leur incompétence face à l’administration française. Mon avis sur ce film est peut-être poussé et non en accord avec ce qu’a  vraiment voulu montrer Laurent Chevallier mais les réactions du public n’ont fait qu’accroître cette idée. Un groupe de retraités aisés assis derrière moi n’a pas arrêté de parler à voix haute pour faire des remarques inappropriées et se moquer des habitants ayant du mal à lire ou à comprendre les documents administratifs. Une remarque du style « haha regarde il ne sait même pas lire » était de trop et m’a fait sortir avant la fin. La place du documentaire au Fipadoc me reste incompréhensible, les plans tournés sont approximatifs au niveau du cadrage, des tentatives de mouvements de caméra ou de plans esthétiques se font ressentir mais le résultat reste mauvais. Le montage est à l’image des plans et ressemble à celui d’un reportage trop long.

Mon attente de ce documentaire était d’y trouver une dénonciation de la vie en cité et son rejet de la société, non celle d’une simple visite.

Lucas Dussans.

Silvana vu par Yanaba Warchol.

« Artiste à la forte personnalité adorée par des milliers, mais qui cache sa part d’ombre et de doutes ». Avec ce « pitch », on pourrait s’attendre au portrait d’un chanteur pop américain qui dévoile ses secrets pour un coup marketing, mais il s’agit ici du témoignage de la vie de Silvana Imam, rappeuse gay arabo-lituanienne qui fait, à la surprise de tous, un véritable raz-de-marée en Suède, son pays de résidence.

On nous présente une femme force de la nature, qui déchaîne dans ses textes son combat contre le racisme et l’homophobie qui grandissent en Suède. Elle rappe contre l’intolérance avec une passion qui émeut les foules. Mais le documentaire, réalisé par trois femmes proches de Silvana, au lieu de n’être qu’un montage rythmé sans âme alternant entre interviews et concerts, comme le font beaucoup de documentaires sur des musiciens, vient plutôt se rapprocher d’elle et une vraie impression d’intimité se dégage.

Elle nous révèle ses pensées, aussi bien quand on la voit toute amoureuse qui tente de draguer celle qui sera sa future compagne, Beatrice Eli, ou quand elle se confie à des moments très vulnérables qui sont abordés avec beaucoup de pudeur. Vers la fin du film, on a l’occasion de voir le fardeau que peut être l’étiquette de “femme forte”, quand elle est fatiguée de combattre, de devoir ne montrer qu’un courage sans relâche.

Documentaire touchant, produit par des femmes, qui raconte l’histoire de femmes en donnant un message inspirant et très humain.

On pourrait dire de ce documentaire qu’il ne laisse pas la place à des avis d’hommes, ou même de personnes hétéro, pour parler de l’effet que leur font les chansons de Silvana. On a beaucoup d’avis de jeunes femmes LGBT, mais peu de présence masculine. Mais justement, là est toute la justesse du documentaire. Le combat de Silvana a été d’imposer sa voix dans une société qui voudrait la faire taire. On entend des voix féminines qui meurent de se faire entendre et qui ont enfin leur place, dans un film qui les honorent et les subliment.

Yanaba Warchol.

Elephantfish vu par Mathieu Guiard

Elephantfish est censé être un documentaire sur un groupe de marins, au beau milieu d’un océan sans fin. Marins qui, pour combler le vide et tuer l’ennui entre deux tâches d’entretien du navire, se laissent parfois emporter par leur imagination.

Tout commence avec un rêve qu’a fait un des marins raconté en voix off et sans image. Ce rêve concerne un éléphant qui boirait toute l’eau de l’océan. Au cours du documentaire, entre ce qui semble être deux journées de travail, voire même pendant, on entend ce qui pourrait s’apparenter à des bruits de pas qui résonnent sur le métal du pont, le tout sur des plans sur un tas de sable dans un container ou couloir métallique. Chaque fois qu’un nouveau plan sur ce tas de sable apparaît, ce dernier semble bouger.

À ces moments-là – c’est-à-dire quatre ou cinq fois dans toute la durée du documentaire – la confusion se faisait ressentir dans la salle. J’entendais d’autres spectateurs qui se questionnaient à voix basse sur ce que l’on était en train de voir. Les trois derniers plans du documentaire sont :

  • encore une fois le monticule de sable mais avec cinq ou six “choses” qui remuent et grattent le sable de l’intérieur.
  • La caméra qui se tourne, on perçoit donc une porte entrouverte, on réalise être à l’intérieur du bateau, on se voit en sortir.
  • et pour finir on a un plan du bateau échoué dans le sable filmé de haut.

Et soudainement le documentaire se termine. Une déferlante de “mais quoi?”, “Attends, c’est fini là? ” ou encore “J’ai rien compris…” a retenti dans la salle. Ayant quand même compris l’histoire racontée durant ces 25 minutes, mon questionnement se portait plutôt sur la nature de ce présumé documentaire, qui, pour moi, est plutôt une fiction. Certes on comprend à quel point le quotidien de ces marins peut être ennuyeux mais de là à mettre en images la réalisation d’un rêve, cela ne me semble pas relever du documentaire.

Mathieu Guiard.

Enzo vu par Théophile Melet

Ce court documentaire présente la vie d’un jeune homme transsexuel, cependant ce jeune nous est décrit dans sa vie de tous les jours sans jamais être montré ou bien seulement partiellement. Ainsi ces simples photographies qui défilent devant le cadre nous obligent à apporter notre attention aux idées d’Enzo et non à son physique. Alors que généralement lorsqu’il est question de ce sujet les regards de jugement portent essentiellement sur le corps de la personne au lieu d’écouter ses pensées. Enzo ne nous apparaît qu’à la fin de ce film, alors que notre premier avis sur lui est déjà fondé. Ainsi ce documentaire permet de briser les stéréotypes sur la transsexualité alors que ces personnes sont de plus en plus prises à partie pour leurs visions de leurs corps.

Théophile Melet.

Linda, un printemps vu par Nahia Etchepare-Gosselet

 Du haut de ses 8 ans, Linda possède déjà un caractère bien trempé. Elle ne se laisse pas faire et n’a besoin de personne pour vivre. Fille de forain, elle aide ses parents à faire tourner le manège et se débrouille comme une grande. « Linda, un printemps » est un court-métrage réalisé par Charles Moreau-Boiteau. Pendant 25 min, nous sommes plongés dans l’univers de cette petite fille, aussi débrouillarde que surprenante. C’est en suivant ses activités durant la journée que nous découvrons qui elle est vraiment. D’abord une simple petite fille qui s’amuse à la fête foraine, puis une fille de forain toujours prête à aider. Linda est attachante et rigolote. Pleine de joie de vivre, elle reste une enfant malgré tout : « Ce qui me fait rêver, c’est le vélo. J’adore le vélo, on m’a dit une fois que j’avais les jambes d’un cycliste ».

    Ce qui est marquant dans ce court-métrage, c’est l’aisance et le naturel de Linda. La caméra n’est pas un obstacle pour elle, au contraire. En effet, on la suit dans son quotidien, on est avec elle. C’est une amie pour le spectateur. Elle va même jusqu’à nous confier des secrets : « JP il est amoureux je le sais mais il faut pas que je le dise sinon il me tue ».

C’est avec grand succès que Charles Moreau-Boiteau nous a présenté son court-métrage qui nous fait découvrir la réalité de la vie des enfants de forains au travers de l’histoire de Linda, une petite fille touchante et très mâture.

Nahia Etchepare-Gosselet.